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Décryptage

L’impact de l’aéronautique sur le Conseil-IT : 3 experts en parlent

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L'impact de l'aéronautique sur le Conseil-IT : 3 experts en parlent

Après des mois d’inactivité, le secteur aéronautique reprend doucement du poil de la bête. Cependant, la reprise va être longue, et le rythme de l’activité n’est pas la même d’un fournisseur à un autre. Cela impacte la transformation même des cabinets de conseil et des bureaux d’études et d’ingénierie qui accompagnent les entreprises du secteur. Consultor a interrogé trois experts pour partager leur retour d’expérience : Sébastien Chaussoy, Partner chez Cylad Consulting; Michel Zarka et Olivier Saldana, respectivement Associé et Directeur chez Eight Advisory. Voici une synthèse de leur analyse.

État des lieux du secteur de l’aéronautique 

Une reprise lente et portée par les vols régionaux

Sans surprise, le retour à la normale va être long. La crise a été particulièrement violente pour le secteur de l’aéronautique. En 2019, le secteur comptabilisait 1240 nouveaux avions par an. Pour Sébastien Chaussoy, il serait étonnant que le secteur soit à plus de 90% de ce chiffre en 2025. 

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La reprise du secteur aéronautique est portée par les vols régionaux.

La reprise est aujourd’hui portée par les vols régionaux. En regardant de plus près l’activité par zone géographique, l’expert constate des disparités. La Chine est en tête : son trafic actuel est au-dessus de celui de 2019. Quant aux Etats-Unis, ils s’en rapprochent. Ce n’est pas le cas de l’Europe. Selon Michel Zarka : “la filière doit se mettre en capacité d’augmenter ses cadences, notamment sur les avions mono couloir, la reprise étant plus incertaine et lointaine pour les gros-porteurs, dont la flotte était déjà en surcapacité avant la crise”. 

Les fournisseurs, pas tous logés à la même enseigne

D’un côté les grands acteurs, comme Dassault, qui surveillent étroitement leur supply chain. De l’autre, des acteurs plus petits dont la situation est très variable en fonction de leur positionnement. Cela s’explique en partie par les programmes de production d’avions qui leur laissent une plus ou moins grande liberté d’action. 

À titre d’exemple, le fournisseur Mecachrome qui cherche à consolider le marché de la tôlerie aéronautique, après le rachat d’un sous-traitant. À l’inverse, le fabricant Figeac Aéro, plus centré sur les programmes de gros porteurs, a été renfloué en septembre 2021, pour faire face à une situation financière difficile. Faire évoluer son positionnement n’est pas une mince affaire. Car les acteurs sont liés par des contrats et des investissements sur du long terme. 

Enfin, certains fournisseurs avaient fait des projections de volumes très importants avant la crise. Résultat ? Ils ont consenti à d’immenses investissements. Or, la production est revue à la baisse… Les aides apportées par l’État sécurisent actuellement la situation mais comme l’indique Olivier Saldana : “il faudra être vigilant au bon timing du retrait des amortisseurs publics”. 

Devons-nous nous attendre à des consolidations ces prochains mois ? 

Sur un marché mondial extrêmement concurrentiel, plusieurs acteurs (de niveaux 3 et 4 selon Sébastien Chaussoy) devront être consolidés. Parmi eux, il y a de nombreuses entreprises qui existent depuis longtemps, avec les fondateurs toujours à leur tête. “Peut-être que les transitions pourraient être des occasions de regroupement”, précise le Partner chez Cylad Consulting. 

Cependant, la valeur des actifs des actionnaires de la filière a chuté. Ainsi, les consolidations devront dépasser les appréhensions de certains actionnaires. Nous pouvons imaginer des consolidations en 2022, à condition que la remontée de cadences soit confirmée.  

Impacts pour le conseil et l’ingénierie

Des missions de conseil en forte hausse depuis quelques mois

Les cabinets de conseil qui interviennent auprès du secteur ont connu un passage à vide. Mais depuis plusieurs mois, c’est une tout autre histoire pour nombre d’entre eux. Tout d’abord, parce que certains cabinets ont été appelés à la rescousse sur des sujets urgents (gestion de crise, réduction des coûts, gestion de la trésorerie…). Par ailleurs, certains experts notent une prise de décision sur le démarrage des missions beaucoup plus rapide que d’habitude. “Là où habituellement nous avons une visibilité de trois mois sur les missions que nous avons à réaliser, nous sommes actuellement staffés à six mois”, explique Sébastien Chaussoy. Enfin, la crise a agi comme un catalyseur sur le sujet de la diversification.

Une gestion des compétences beaucoup plus fine 

Les entreprises de la filière aéronautique “vont devoir remettre sur le métier à tisser des programmes industriels qui n’ont pas été alimentés pendant deux ans”, précise Olivier Saldana. Au programme donc ? Une forte réduction des coûts et une gestion beaucoup plus fine des compétences. “Car le retard accumulé est certain et les pertes de savoir-faire vont se faire sentir.” Il faut positionner les bons consultants et ingénieurs, et vite. Ce qui n’est pas sans conséquence pour les cabinets de conseil et les sociétés d’ingénierie. Le staffing (ou resource management) doit être plus rapide, plus précis et plus rentable. 

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Les cabinets de conseil et les sociétés d’ingénierie transforment leur staffing / resource management. 

Autrement dit, les entreprises de prestations intellectuelles doivent elles-aussi se transformer pour suivre la cadence. Elles se rendent compte qu’elles ne peuvent plus compter sur leurs outils traditionnels pour positionner leurs consultants et ingénieurs. Certaines organisations misent déjà sur les nouvelles technologies pour digitaliser leur staffing, le rendre plus collaboratif et ainsi améliorer leurs résultats. Enfin, la reprise de l’activité ne doit pas occulter les consultants et ingénieurs laissés sur le banc. La formation continue est donc également un enjeu majeur, afin de fidéliser les talents et les faire monter sur des compétences d’avenir. Là encore, les nouvelles technologies sont de précieux alliés.


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