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ESN / ICT : quelles perspectives pour 2021 ?

6 min

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Le Syntec Numérique, l’un des syndicats professionnels français des acteurs du numérique, a récemment dévoilé les résultats de sa conférence semestrielle au sujet de l’état du marché des entreprises de services du numérique (ESN / SSII), d’ingénierie et de conseil en technologie (ICT). Malgré un bilan disparate pour l’année 2020 et des perspectives 2021 conditionnées par l’évolution incertaine de la crise économique et sanitaire, certains signaux plus positifs sont déjà présents et permettent d’envisager les prochains mois avec plus d’optimisme.

Un bilan 2020 hétérogène et un rebond incertain

En 2020, les ESN affichent une baisse de chiffre d’affaires de -4,2%, tandis que les ICT, plus durement touchées par la crise, terminent l’année avec une baisse de -12,3%. Parmi les secteurs d’activité les plus impactés pour les entreprises d’ingénierie et de conseil en technologie, l’aéronautique et l’automobile sont en première ligne de mire. De nombreux chantiers significatifs sont reportés à un ou deux ans. C’est le cas par exemple du terminal 4 de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle.

Il est par ailleurs difficile d’estimer avec précision la trajectoire que prendra le marché en 2021, tant il y a encore d’incertitudes concernant l’évolution de la crise sanitaire et les mesures prises par le gouvernement. Cependant, le Syntec Numérique donne quelques chiffres intéressants sur la santé économique des clients qui conditionnent le rebond des acteurs du numérique : 60% des clients ont pour priorité la renégociation des contrats fournisseurs en 2021. Cette pression sur les prix sera accentuée par une concurrence plus rude entre plateformes de freelances et télétravail. La possibilité de travailler à distance permet en effet à plus de consultants d’être positionnés sur une même mission quelle que soit leur localisation.

Concernant l’impact de la crise sur le marché de l’emploi, 2 entreprises du numérique sur 3 affirment avoir stabilisé ou augmenté leurs effectifs en 2020. Cependant, le bilan est mitigé selon les différents types d’entreprises. Les activités d’ingénierie et de conseil en technologie sont les plus impactées à ce niveau là : le Syntec Numérique estime à 10 000 le nombre d’emplois menacés pour ces entreprises.

Malgré tout, des signaux positifs

Si les perspectives 2021 sont à date, encore incertaines, certains signaux présagent un avenir plus positif. Si le carnet de commandes reste plus léger qu’à l’accoutumée, le book-to-bill, à savoir le rapport entre les nouvelles commandes prises et les facturations, s’améliore peu à peu.

« La crise a plus que jamais souligné le caractère indispensable des investissements IT” – Laurent Roudil, DG du groupe Econocom

Plus précisément, les SMACS (Social, Mobility, Analytics, Cloud) restent des domaines porteurs de croissance pour les acteurs du numérique. La croissance nette est estimée à 900 millions d’euros en 2020, à savoir +6,4% par rapport à l’année 2019. Le Cloud est en tête d’affiche, avec un marché de 6,7 milliards d’euros (croissance +12,2% par rapport à 2019). Comme l’indique Laurent Roudil, DG du groupe Econocom en charge des activités en France, dans une interview pour Décideurs Magazine : “La crise a plus que jamais souligné le caractère indispensable des investissements IT pour le fonctionnement des entreprises et notamment le télétravail ainsi que les relations clients à distance (…). L’optimisation des coûts, plus que jamais nécessaire actuellement pour les entreprises, passe aussi par leur transformation digitale.” Une optimisation des coûts qui concerne autant les entreprises clientes que les acteurs qui les accompagnent dans leur transformation… car aussi paradoxal que cela puisse paraître, les entreprises de services du numérique et d’ingénierie ont encore une belle marge de progression en matière de digitalisation et d’optimisation de leur rentabilité.

Au-delà des investissements purement IT, le Syntec Numérique s’est intéressé pour la première fois aux enjeux RSE des entreprises : une majorité des entreprises interrogées (plus de 8 sur 10) considèrent qu’elles ont un rôle crucial à jouer dans l’évolution des mentalités (écologie, environnement, égalité homme-femme…). Cela implique tant de faire évoluer ses propres pratiques en interne que d’accompagner les clients dans leur politique RSE. À ce sujet, 50% des appels d’offres et des réponses à celles-ci incluent des éléments de politique RSE. Il y a donc un véritable enjeu commercial pour les ESN et les ICT.

Quels enjeux pour les ESN et l’ingénierie ?

Les ESN et ICT ont à minima deux grands défis à relever en 2021 : d’une part accompagner leurs clients avec plus d’agilité face à une concurrence grandissante, et d’autre part préserver les expertises des consultants et des ingénieurs sur le banc.

Pour relever le premier défi, ces entreprises vont devoir plus que jamais, être en mesure de trouver rapidement les bonnes compétences (parfois rares) en interne. Il devient indispensable pour elles de digitaliser leurs processus pour être en mesure d’accéder à une cartographie en temps réel des compétences détenues et des disponibilités des collaborateurs dans leurs différents départements. C’est cet accès rapide à une information fiable qui leur permettra de répondre rapidement aux besoins. En parallèle, il sera nécessaire pour elles de distinguer au plus tôt les secteurs et missions qui repartent, versus celles plus à risque. Ayant une visibilité plus nette sur les besoins clients d’une part et les compétences disponibles d’autre part, les ESN et ICT pourront envisager de faire du “cross-staffing”, à savoir gérer les affections de leurs experts parmi tous les départements et business units de leur entreprise. Il se peut qu’un département ait un taux d’activité (TACE) particulièrement bas avec la crise. Or les compétences détenues dans ce département sont très probablement “transférables” et pertinentes pour répondre aux besoins recensés dans un autre pôle de l’entreprise.

« Les ESN et les ICT misent de plus sur un rebond de leur activité, en leur qualité d’acteurs de premier plan de la mutation digitale de l’économie. L’essentiel est donc de tenir, pour conserver les compétences clés qui font la force de notre pays » – Jean-Pierre Valensi, Associé TMT et Responsable des équipes Capital Markets Advisory chez KPMG France.

Ce cross-staffing contribue à améliorer les résultats de manière significative et à préserver les compétences clefs de l’entreprise, en limitant les périodes d’intercontrat pour les collaborateurs concernés. Cependant, certains ne seront pas épargnés et resteront un bout de temps sur le banc. C’est l’occasion alors de former ces experts à de nouvelles compétences ou bien de renforcer des compétences d’avenir. Dans ce cadre, on fidélise ses collaborateurs en les faisant monter en expertise sur des compétences stratégiques, tout en s’assurant qu’ils soient bien armés pour accompagner les clients dès que de nouveaux besoins émergeront.

Pour conclure, la crise a prouvé que les besoins de transformation étaient plus que jamais nécessaires. Entre projets IT et chantiers RSE, les entreprises de services du numérique et les sociétés d’ingénierie vont avoir du pain sur la planche. Cependant, le rebond sera très mitigé parmi ces entreprises. Cela dépend de leurs secteurs d’intervention. Cela doit être l’opportunité pour elles de digitaliser leurs processus et d’enclencher leur propre transformation sur leur cœur de métier (gestion de leurs consultants et ingénieurs) afin d’être capable d’identifier rapidement les secteurs et missions qui repartent ainsi que les experts disponibles et compétents. En croisant ces informations, les entreprises peuvent réduire de façon optimale l’intercontrat et limiter durablement la casse.

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